Histoire de l’escrime

Histoire de l’escrime

Texte tiré du site de La Fédération Française d’Escrime

Le temps des barbares

L’escrime existe depuis toujours ou presque. Dès que l’homme a su travailler le bois puis le fer, il a fabriqué des armes pour se défendre et survivre. Il a été dans l’obligation de compenser son infériorité physique avec des armes qui lui servirent à se défendre des animaux, puis, très vite, à régler des querelles particulières ou entre tribus.

L’escrime a devancé de quatre bons siècles les Jeux Olympiques de la Grèce antique si l’on s’en rapporte à un bas–relief du temple de Médinet–Abou (Haute–Egypte), construit par Ramsès III en 1190 avant Jésus–Christ; il évoque en effet une compétition sportive organisée par le pharaon pour célébrer sa victoire sur les Libyens.

Influencés par les récits de l’Iliade, les organisateurs des premiers Jeux Olympiques, en 776 avant Jésus–Christ, inclurent l’escrime dans leur programme.
Les conquérants romains, peu soucieux des traditions grecques, transformèrent les Jeux Olympiques en jeux du cirque : de plus en plus de jeux, de plus en plus d’émotions, de plus en plus de combats sauvages, hommes contre animaux, duels spectaculaires. Les spectateurs voulaient voir du sang, des morts en direct, bref avoir des émotions fortes.

Après l’effondrement de l’Empire romain et les grandes invasions en Europe, la Société Féodale se constitue progressivement autours d’hommes aux fonctions spécifiques : ceux qui prient (les clercs), ceux qui travaillent (les paysans) et ceux qui se battent (les guerriers.)

Pour les seigneurs et leurs hommes, guerroyer est un métier, une raison de vivre. Autour de l’an mille, les hommes d’Eglise, à partir de la France, commencèrent à endiguer la violence guerrière : Ainsi se constitua la Chevalerie.
A mesure que la Société Féodale se structure, que la Chevalerie se discipline, la guerre devient une activité plus intermittente. Aussi, assiste-t-on à partir du XIème siècles à l’essor des tournois. Ce sont de véritables simulacres de guerre dans lesquels les mêlées sont sanglantes et non codifiées.

Au cours du Moyen–Age, l’armement eut tendance à s’alourdir, l’épée se maniait à deux mains et le pommeau, très lourd, servait à assommer l’adversaire ou à lui écraser la figure. Il fallait utiliser beaucoup de force et de ruse.

Naissance de l’escrime moderne.

La découverte et l’emploi de la poudre modifièrent les formes de combats.

Les armes s’allégèrent, les cuirasses, armures, casques et harnais disparurent.

Les épées deviennent peu à peu un détail vestimentaire. C’est ainsi qu’au XIème siècle, l’épée à deux mains est abandonnée pour une nouvelle arme née en Espagne, la Rapière : une épée à lame longue et fine pour les coups d’estoc. C’est l’arme du duel par excellence. La force fait place à la ruse, à l’astuce et la finesse.

Dans cette société qui n’était pas organisée, la preuve était difficile à faire : les hommes s’étaient reconnus inaptes à juger et en avaient appelé à Dieu.

Le “duel judiciaire” était une forme particulière de combat singulier. L’issue de l’affrontement, symbole du jugement de Dieu, avait valeur de preuve juridique.

Dès qu’il n’y avait plus jugement, il ne pouvait plus être question d’accusation criminelle à purger, mais seulement d’obtenir satisfaction par la voie des armes.
Il n’est donc plus question de combat judiciaire : le duel avait pris sa place. Pourtant, ce n’était pas encore tout à fait le duel tel que nous le connaissons. S’il avait perdu son caractère judiciaire, il avait néanmoins gardé encore quelque chose d’officiel. En effet, pour se battre en champ dos, il fallut la permission royale. On ne se battait jamais lorsque le roi n’en avait pas octroyé le droit.
La mort de La Châtaigneraie, qui était le favori du roi, atteignit profondément Henri II. Ce duel lui fit concevoir un extrême regret d’avoir donné son consentement à ce combat et c’est ainsi qu’il jura et fit le serment solennel de ne plus en autoriser aucun.

A partir de ce moment, les rois refusant à leurs sujets le droit de se battre, ceux–ci se passeront de cette autorisation.

L’apparition de la rapière a considérablement fait évoluer le duel. Elle est la cause de la transformation du duel de force en duel de finesse. L’abandon de l’épée à deux mains et des armures complètes obligea les escrimeurs à agir avec les ruses et astuces.

En France du XVIème siècle, le duel devient alors la manie des gentilshommes, se battre était une mode, on s’entre–tuait pour rien, pour le plaisir et l’élégance.

Devant les résultats meurtriers d’une fausse conception de l’honneur, les rois de France avaient promulgué un certain nombre d’édits interdisant absolument ce duel. Le grand problème de ces édits était qu’ils étaient trop sévères, ils ne devaient pas être appliqués. Entre le début du XVIIème siècle et 1723, il y eut 8 édits royaux pour réprimer le crime du duel mais leur application ne fut pas draconienne.

Dans son effort pour réprimer le duel, le pouvoir royal fut secondé par les hommes d’Eglise, les hommes de justice et parfois aussi par les hommes de lettre. (Molière, Pascal, Corneille, et les encyclopédistes jetèrent un certain discrédit sur le duel.)

Il est à noter, que l’épée était l’apanage des hommes et que lorsque les femmes devaient régler un différent, elles se battaient au pistolet.
L’évolution de l’escrime est passée notamment pour l’évolution des armes concrétisée au XIIème siècle par l’apparition d’une épée d’entraînement et d’étude appelée : le fleuret.
C’est une arme plus légère que la rapière, plus courte, à lame de section quadrangulaire se terminant par un bouton, c’est une fleur, d’où le nom.

On pouvait faire de l’escrime sans avoir l’intention de se battre. Elégance et courtoisie étaient les qualités requises.

Sous Louis XIV, la corporation des maîtres, ayant obtenu ses statuts et lettres patentes, les conditions de travail furent facilitées aux maîtres. L’escrime trouva un climat favorable pour se développer et se perfectionner.

Les édits royaux ont été abolis, mettant fin pour la même à l’arsenal répressif concernant le duel.

La période qui s’ouvrit alors donna au duel une autre allure.

L’abandon de la rapière italienne, l’utilisation de l’épée de cour, l’apparition du fleuret français furent les raisons d’une nouvelle orientation de la science des armes.

Dès la Restauration, les joutes oratoires se traduisirent, en dehors de la chambre, en coups d’épée ou de pistolet. Un des haut–lieux de rencontre des duellistes étaient le Palais-Royal.

Parallèlement au courant favorable à la répression du duel, naissait un courant plutôt “à sa discipline, à sa réglementation”.

Se créait donc un code du duel, caractérisé par le “point d’honneur” définit comme “le degré de susceptibilité qui peut varier de caractère et d’intensité suivant le tempérament et la position sociale de l’offensé”.

Ainsi, du début du second Empire à la guerre de 1914, hommes politiques, journalistes, écrivains, artistes, militaires, gens du monde titrés ou non croisèrent le fer ou échangèrent des balles, respectant le code de l’honneur et bafouant le code pénal.

La guerre franco – allemande de 1870 provoqua comme une cassure nette dans l’évolution de la Société française. La République succédait à l’Empire.

Quand Paris a commencé à se construire, les salles d’armes rouvrirent-leur portes et devinrent le rendez–vous du monde élégant de la vieille noblesse, de la finance, de la littérature et du journalisme.

L’Elysée en était l’exemple avec ses matinées d’escrime du jeudi et du dimanche.

La pratique de l’escrime était considérée à la fois comme un art d’agrément, au même titre que l’équitation, la musique et la danse, et comme la préparation au duel, car en ce temps–là, l’homme dit “du monde” devait toujours être prêt à en découdre.
Tout ce monde tirait au fleuret et exceptionnellement au sabre. Mais quelle que soit l’arme, “la façon de donner vaux mieux que ce que l’on donne. La technique académique compte seule, et le nombre de touches échangées n’a qu’une importance secondaire.

Pour populariser et duper l’escrime, amateurs et professeurs créèrent plusieurs associations : La Société d’Encouragement à l’Escrime (1882), l’Académie d’Epée de Paris et l’Académie d’Armes

Le premier tournoi se déroule le 15 janvier 1893 et regroupe des amateurs de plus de 20 ans. Cette compétition a été organisée par la Société d’Encouragement à l’Escrime. Premier tournoi qui fut prémisses des premières compétitions et donc du Sport moderne.

On doit l’essor des disciplines sportives en général et de l’escrime en particulier à Pierre de Coubertin, rénovateur des Jeux – Olympiques en 1896. Aux premiers Jeux de 1896 à Athènes, quatre pays et treize escrimeurs participent aux épreuves de fleuret et sabre individuels.

Les Jeux Olympiques de Paris en 1900 regroupent 156 escrimeurs appartenant à sept nations, dont 141 sont français. Depuis ces jeux, le nombre de représentant par pays a été limité. Après avoir boycotté l’édition suivante des JO à St Louis, la France change le nom de sa structure dirigeante. Le 24 octobre 1906, la Fédération Nationale des Sociétés d’Escrime et Salles d’Armes de France est crée avec, comme président, Hébrard de Villeneuve.

Les bouleversements économiques et sociaux, engendrés par la première guerre mondiale, ont eu une influence sur le sport.

Avant 1914, l’escrime, le cyclisme, l’équitation, l’automobile et le lawn tennis étaient réservés à la population aisée.

L’apparition des sports d’équipe tel : le football, le rugby, associée au développement de l’athlétisme, de la natation et de l’éducation physique, permirent aux classes moins privilégiées de connaître le sport.

A travers des cours du soir, l’escrime se démocratisa. Des escrimeurs de tous horizons sociaux sont ainsi formés.

L’esprit de caste laissait place à l’esprit de compétition.

Dorénavant, on se bat contre ses égaux.

L’esprit du duel et de “l’exception de milieu” étaient beaucoup moins évidents. D’ailleurs, au XXe siècles, la pratique du duel devient archaïque. En effet, le code pénal a supplanté le code de l’honneur, désormais les propos diffamatoires ou injurieux sont sanctionnés par les hommes de loi.

Après le premier tournoi du 15 janvier 1893, le premier championnat de France de fleuret amateurs est organisé en 1897. En revanche, aux J–O de 1908, il n’y eut pas de fleuret car français et italiens n’ont pu s’accorder sur le déroulement de l’épreuve.

En parallèle, d’innombrables débats se font jour sur les règlements et donnent lieu à quelques sévères conflits idéologiques.

De façon à remettre de l’ordre dans ce qui peut apparaître comme une crise (en désaccord sur les règlements du fleuret, la France ne se rendra pas par exemple aux Jeux Olympiques de Stockholm en 1912), un désir d’unification se fait sentir. Le 29 novembre 1913, sur l’initiative de René Lacroix, alors secrétaire général de la Fédération Française, une Fédération Internationale est fondée à Paris. Le but est clair : déterminer les règles selon lesquelles doivent être organisées et disputées les épreuves officielles.

Si les Jeux Olympiques constituent tous les quatre ans, le principal rendez-vous de la discipline, l’escrime continue d’évoluer sur les plans de la technique et du matériel.

En 1933, l’appareillage électrique à l’épée est ainsi adopté par les instances internationales. Il sera de même pour le fleuret en 1955 et pour le sabre en 1989.

La deuxième guerre mondiale va stopper toutes les grandes compétitions durant une dizaine d’années et mettre fin à la polyvalence des tireurs. La spécialisation et l’entraînement intensif viendront ensuite.

A partir de 1956, la prédominance des escrimeurs français et italiens s’estompe au profit de celle des pays de l’est (U.R.S.S, HONGRIE, POLOGNE…)

Les différences fondamentales entre les méthodes françaises et italiennes ont disparu. Une sorte de synthèse des techniques latines est à la base de l’enseignement de l’escrime au fleuret et même à l’épée dans les divers pays qui ont adopté ce sport. L’internationalisation se poursuit avec une pratique dans près de soixante pays sur les cinq continents.

Adaptée aux structures de la société moderne, l’escrime, dirigée au XIXe siècles par les maîtres d’armes, orientée dans la première moitié du XXe par les amateurs, est devenue en quelque sorte propriété d’état.

En effet, la F.F.E, mise sous tutelle de l’Etat par un arrêté ministériel du 27 novembre 1962, se soumet aux directives imposées par les pouvoirs publics.

L’Etat contrôle tous les sports et l’escrime a, elle aussi, son directeur, ses entraîneurs nationaux, ses conseillers techniques aidés par plus de quatre cents maîtres d’armes.

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